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ARABISQUE

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19 janvier 2007

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9 septembre 2002

Extrait du journal de Jessica Flesrbrechtechecher, le 9 septembre 2002

Cher journal,

J'en reviens à la suite de cette journée éprouvante du 7 septembre.

Accroupie près du cadavre de la défunte épicière, se trouvait une dame fort bien habillée, et dont on pouvait difficilement deviner l'âge. Amos m'apprit qu'il s'agissait du médecin de campagne qui officiait tout près d'ici, près de la réserve d'indiens de Kimpatchwowowow. Elle fit mine de se relever, et, m'apercevant, vint me saluer.

"Bonjour, je suis le docteur Quinn." Puis elle marqua un temps d'arrêt. "Je... Je suis une femme médecin", murmura-t-elle à mon oreille. Je lui rendis son salut :

"Enchantée, je suis Jessica Fleschtetcher. Oui, vous savez, la romanciè..."

Je m'apprêtais à énumérer la liste de mes best-sellers tout en sortant mon stylo à dédicaces, mais je restai sans voix. La doctoresse était au bord des larmes !

"Voyons, ne soyez pas si émue, je suis une personne comme les autres ! Certes, j'ai vendu des millions d'exemplaires de "L'assassin roulait en 4L", mais...

- Oh non, ça n'est pas ça, me répondit-elle en sanglotant... Excusez-moi, mais... C'est la première fois que je dis à quelqu'un que je suis une femme-médecin sans recevoir des quolibets, des injures, des pierres ou des portes battantes de saloon sur la tête, voire même des mises en accusation pour sorcellerie..."

Pauvre femme. Mais d'où sort-elle donc ? D'un roman de Mark Twain, ou de Jackie Collins ? Elle reprit :

"Oh, vous ne pouvez pas savoir à quel point votre ouverture d'esprit remplit mon coeur d'un espoir sans égal. Cela veut dire que tout n'est pas perdu, et qu'il faut garder confiance dans le potentiel de bonté qui se trouve en chaque être humain. Car, même si le ciel paraît sombre, et que les nuages s'ammmmmoncellent au-dessus de nos têtes, il faut lutter et attendre l'éclaircie.  Car, un jour, tout ira mieux. Car le soleil brillera à nouveau dans la nuit étoilée, et les enfants vivront dans un monde meilleur tôt ou tard, dans la pai...

- Pouvez-vous me dire de quand date le décès ?

- Euh... C'est-à-dire... Aujourd'hui, je suppose.

- Oui, mais à quelle heure ? Et quelles en sont les causes ? Avec tout ce sang , on a du mal à s'y retrouver..."

Visiblement, elle ne savait pas quoi répondre.

"Vous savez,  il y a tellement peu de cas graves dans la région... J'ai l'habitude de soigner des tuberculoses et des scorbuts avec des pâquerettes cueillies par nos amis les Indiens, mais... Cette situation dépasse mes compétences. C'est la première fois qu'on me demande de m'occuper d'un mort. Enfin, je veux dire, d'un mort extérieur à ma clinique. Non! Je ne voulais pas dire ça, je...

- Mais vous êtes médecin, non ? Que transportez-vous donc, dans votre grosse sacoche ?

- La même chose que d'habitude lorsqu'on m'appelle en urgence : des serviettes chaudes et de l'huile de foie de morue. Et puis un livre de mots croisés, ça m'aide à patienter pendant que le pasteur administre l'extrême-onction."

Je devais me faire une raison. Cette idiote venue d'un autre âge ne me serait d'aucun secours. Ce semblant de discussion prit fin grâce au shérif Amos, qui me prit à part.

"Jessica, je crois que nous tenons une piste. Nous avons un témoignage ! Il s'agit de la fille d'Harriett Oleson, la petite Nelly. Elle prétend savoir qui est le coupable..."

(A suivre...)

8 septembre 2002

Extrait du journal de Jessica Fleschetecher, le 8 septembre 2002

Cher journal,

Je t'ai lâchement négligé le temps d'une journée, et je m'en excuse. Mais, comme tu vas vite le comprendre, les évènements tragiques qui agitent à présent notre petite ville de Crapott Cove m'ont vraiment retournée.

Amos restait muet après le coup de fil du fidèle Bosco, son assistant. "Amos ? Que se passe-t-il ?" me risquai-je à lui demander, rongée par l'angoisse... Après quelques rasades de cognac, il parvint enfin à articuler quelques bribes de phrases : "Mme Oleson... épicerie... sang... rats... cognac...

- Vous voulez dire qu'Hariett Oleson est...

- Oui, Jessie. Hariett est décédée.

- Formidable ! J'espère que c'est un meurtre. Je vais chercher mes lunettes et mon tuperware à indices."

Le shérif me jeta un oeil noir. Je sais, la vivacité de ma réaction peut sembler incongrue. Mais il faut me comprendre. C'était la première fois qu'il se passait quelque chose à Crapott Cove depuis l'affaire de l'attentat commis contre le vélo de Jean-Edern Hallier, et dont j'avais brillamment dénoué les ficelles. Le roman que j'en avais tiré ne s'était pas vendu pour autant, mais peu importe. Là, c'était ma chance. Une occasion inespérée de pouvoir enfin remettre le pied à l'étrier. Je laissai le shérif regagner sa voiture en titubant, et me ruai dans le garage pour enfourcher illico presto ma bonnne vieille bicyclette.

Un quart d'heure plus tard, j'arrivai près de l'épicerie des Oleson. J'étais un peu essoufflée, la faute de cette maudite rue en pente raide. Je n'ai plus soixante ans, moi... Je repérai facilement le lieu du drame grâce à l'attroupement de badauds qui stagnait devant l'entrée de l'épicerie. Avec difficulté, je tentai de me frayer un chemin à travers la foule. "Laissez-moi passer ! Je suis Jessica Fleschetecher, la romancière ! J'ai ma Carte Vermeil !".

C'était bien le corps sans vie de Mme Oleson qui gisait, étendu au bas de l'escalier de sa boutique. Son gilet de laine et son chemisier à fleurs étaient maculés de sang. Son visage, jadis si souriant et aimable, s'était figé pour l'éternité en une hideuse grimace d'effroi. Ses yeux vitreux restaient ouverts, et sa bouche déformée par un dernier cri, comme si elle n'avait pas eu le temps d'appeler au secours.

(A suivre...)

7 septembre 2002

Extrait du journal de Jessica Fleschtecher, le 7 septembre 2002

"Encore une journée comme les autres qui commence", me suis-je dit ce matin en ouvrant les volets de la cuisine. Cela fait longtemps que je n'attends plus de bouleversements majeurs dans mon existence. Parfois, je me demande si cette quiétude me convient vraiment. J'en viendrais presque à regretter, au fond de moi, l'époque mouvementée où je résolvais énigme sur énigme entre une tasse de thé et un ouvrage au crochet. Mais ce matin, je me contentais de savourer le jour naissant, en prenant mon petit déjeûner, assise à la table en formica de ma belle cuisine toute équipée.

Dean Martin poussait la chansonnette sur Radio Melody lorsqu'on frappa à la porte. C'était le shérif qui, comme tous les matins, venait aux nouvelles. Je le soupçonne fortement d'avoir des vues sur moi. Le problème, c'est qu'il est bien trop timide pour oser révéler la nature de ses sentiments. Néanmoins, mon intuition, aiguisée par des années d'enquêtes diverses et d'expériences amoureuses en tous genres, ne se trompe jamais. Le simple fait de le voir quotidiennement avaler un café pourtant réputé imbuvable sans broncher est à mon sens très éloquent.

Nous avons discuté de la pluie et du beau temps. Comme les prévisions météorologiques étaient assez optimistes, nous décidâmes d'orienter le débat vers la persistance douteuse du beau temps. Preuve, s'il en est, que le climat n'est plus ce qu'il était.

Vers 10h30, la cafetière était vide, et nous avons joyeusement attaqué ma bouteille de brandy. Je me sentais plus prolixe que d'habitude, probablement la caféine... Au bout du troisième verre, je me suis décidée à lui confier mes soucis du moment. "Je suis un écrivain has-been", lâchai-je entre deux hoquets. Mon dernier tapuscrit, intitulé Viagra et vieilles dentelles, n'intéresse personne. Depuis quelques années, j'accumule les lettres de refus, toutes plus froides et hypocrites les unes que les autres. Comme à l'accoutumée lorsque j'aborde ce sujet, je me suis épanchée sur mon triste sort. "Moi qui ai connu la gloire, qui ai fait plusieurs fois la une de Télé-Star; et dont les aventures ont été maintes fois adaptées pour le petit écran ! En être réduite à prospecter auprès des éditeurs de romans de gare comme une vulgaire lofteuse en manque de notoriété..."

Il est vrai que j'accuse assez mal ces coups-bas portés à mon intégrité de créatrice. Heureusement, je ne suis pas seule. Je sais que je peux compter sur le soutien de mes amis les plus fidèles, comme Archie, le jeune et séduisant vendeur du Palais de la Pédale sans qui mes promenades en bicyclette seraient moins gaies, ou encore cette chère Marie P., une ancienne contractuelle française venue se réfugier dans notre petite ville pour s'adonner aux plaisirs de la méditation transcendantale et du bouddhisme naturiste. Et ce très cher shérif...

Il était 11h15 lorsque le téléphone sonna. Un appel pour le shérif, de la part du fidèle Bosco, son co-équipier. "Encore une dispute entre voisins pour une bête histoire de pisse de chien contre la clôture", soupira-t-il. Je lui passai la combiné, tout en le grondant gentiment pour la verdeur déplacée de son langage.

A mesure qu'il écoutait le message de Bosco, je compris, à la lueur de son regard à la fois incrédule et effrayé, qu'il se tramait autre chose qu'une simple querelle de voisinage.

(A suivre...)

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